Agrippina

Quand le confinement avait été levé, il avait été étonné que rien ne bouge. Lui-même n’avait pas réagi tout de suite. Il était resté un moment hébété. La situation durait depuis si longtemps. De sa fenêtre, il avait vu passer le printemps tendre et doux, l’été écrasant de chaleur et de lumière, le début d’un automne encore merveilleux. Puis le cycle avait repris. Il n’était pas certain que cela ne s’arrête jamais. Il ne savait même plus dire quel était exactement le mois, sans vérifier sur le calendrier devenu inutile. Il n’y avait plus d’échéances impératives, plus de rendez-vous à honorer, plus de dates à retenir. Les projets avaient été différés, puis oubliés. Tout s’était figé, en attente. Nourri tout au long du confinement ce roman, articulé comme un journal, avec une alternance de situations d’actualité et de parties romancées, est largement inspiré de la pratique quotidienne de son auteure médecin. Son déroulé est prétexte à une réflexion sur la condition humaine face à une situation sanitaire atypique, celle de la pandémie à coronavirus. Médecin généraliste en exercice depuis 30 ans dans le Val d’Oise où elle est née, l’auteure écrit et publie sous un pseudonyme depuis une vingtaine d’année des nouvelles et romans policiers, qui sont le prétexte à raconter l’histoire locale de sa région. Avec la crise du Covid, une autre forme d’écriture s’est imposée, en son nom propre, pour faire partager son quotidien de soignant. Au-delà de la pénibilité éprouvante de la situation sanitaire, ce sont surtout ses interrogations quant aux facettes multiples de la nature humaine confrontée à une situation inédite qui se déclinent.